L'étrange vie de Nobody Owens - Neil Gaiman.
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L'auteur :
Neil Gaiman, né le 10 novembre 1960, est un auteur britannique de romans et de scénarios de bande-dessinée, vivant aux Etats-Unis. Il s'est spécialisé dans le fantastique depuis sa célèbre série Sandman publiée par DC Comics dans les 90's.
Emprunt médiathèque.
Des choses fragiles : Une étude en vert.
De bons présages. (en collaboration avec Terry Pratchett)
Quatrième de couverture :
Nobody Owens est un petit garçon parfaitement normal. Ou plutôt, il serait parfaitement normal s'il n'avait pas grandi dans un cimetière, élevé par un couple de fantômes, protégé par Silas, un être étrange ni vivant ni mort, et ami intime d'une sorcière brûlée vive autrefois. Mais quelqu'un va attirer Nobody au-delà de l'enceinte protectrice du cimetière : le meurtrier qui cherche à l'éliminer depuis qu'il est bébé. Si tu savais, Nobody, comme le monde des vivants est dangereux...
L'Étrange Vie de Nobody Owens est un roman enchanteur, noir, magique, tendre et profond. La grâce absolue de Neil Gaiman, de retour après son livre-culte, Coraline.
Mon avis :
Depuis hier, j'ai le moral au plus bas, et dans ces cas-là, je m'absente d'internet et je lis. Beaucoup. J'ai engloutis Le Garçon en Pyjama rayé, Fantastique Maître Renard et L'étrange vie de Nobody Owens. Ce livre-là est mon petit coup de coeur, il m'a rendue un peu mieux, j'ai eu du mal à le lâcher, je l'ai lu hier après-midi et vient juste de le terminer. Je suis sous le charme, j'ai été enchantée dans ma lecture, j'ai été fascinée par ce monde et ses personnages si particuliers... si les livres de Neil Gaiman ressemblent à celui-là, aussi loufoques, fantastiques, je veux découvrir les autres livres de l'auteur !
Le Jack est un criminel, il s'est vu confier une mission : celle de tuer une famille de quatre membres, les parents et les enfants, la soeur de 7 ans et le bébé, un garçon de deux ans. Sa tâche est accomplie... mais non ! Il manque le bébé ! Où est-il, celui-là ? Il fait tâche sur ce qu'il devait être la satisfaction d'un travail bien fait ! Mais... que fait-il au cimetière ? Et comment a-t-il fait pour disparaitre ? Si seulement le Jack savait... s'il savait qu'un couple de fantôme, vieux de quelques siècles, les Owens, ont pris sous leurs ailes ce petit bébé orphelin après avoir sû qu'il était en danger... il n'y a plus grand choix, à présent : l'enfant ne doit pas quitter le cimetière, pas avec ce meurtrier toujours en liberté, caché dans l'ombre, attendant de finir son oeuvre. Les morts du cimetière accordent donc au bébé la citoyenneté du cimetière, c'est une exception ! Car les vivants ne peuvent demeurer chez les morts... Ce bébé sans nom : Nobody, alias Personne, alias Nobody Owens grandit dans un cadre peu singulier et plutôt insolite : dans un grand et mystérieux cimetière, parmi les morts, les fantômes avec qui il peut communiquer, appeller, toucher, voir... élevé par un couple de fantôme, protégé par son tuteur bien-aimé, Silas, étrange être ni mort ni vivant. En compagnie des morts qui lui feront office d'amis et même de professeur... qui aurait pû croire que la vie au cimetière serait aussi vivante ? Des Goules, une sorcière, des morts célèbres, Silas, les vivants, les morts, les Jack...
C'est un livre original, qui m'a fait un peut penser à la série tv Ghost Whisperer où à la chanson L'Horloge de Mylène Farmer. L'histoire a l'air plutôt simple, en elle-même, mais tous les élèments qui l'accompagnent donnent à l'histoire une touche qui fait le petit plus, l'étincelle de l'histoire. Nous avons une touche de surréalisme, les images qui accompagnent le récit qui sont jolies, on dirait presque qu'elles viennent d'un manga. C'est original, surprenant, parfois drôle, malgrè parfois le manque d'explications sur certaines choses, comme la confrérie des Jack, j'ai attendu longtemps avant de savoir pourquoi ils voulaient tuer Nobody, et même la raison ne me suffit pas, j'en attendais plus, je m'attendais à quelque chose de plus gros, de plus surprenant. Comment j'en attendais plus sur Silas, disons que j'aime ce personnage, il donne confiance, force, une force calme et protectrice, j'aime beaucoup cette image de lui et j'aurais aimé en savoir plus sur lui, comme sur les Chiens de Dieux, l'auteur laisse certaines choses dans le vague, et c'est dommage.
C'est un drôle d'univers, pas autant noir et macabre que ça, car cette population de morts s'avère plutôt vivante. Des fantômes que Nobody peut voir, toucher, parler, comme s'ils étaient des êtres vivants, normal avec ça qu'il ne craint pas la mort. Nous avons des morts de toute époque, mais surtout de l'époque victorienne, nous avons une sorcière, des goules se donnant des noms de gens célèbres qui m'ont paru un peu fofolles. Nous avons Silas, nous avons Miss Lupescu, un Chien de Dieu (lycantrophe, apparement), nous avons quelques vivants. J'ai adoré lire les phrases sur les pierres tombales, certaines étaient drôles ('Machin, morte le ..., jeune fille irréprochable. Lecteur, puisses-tu en dire autant'). Ce monde plutôt macabre et pas-si-glauque-que-ça m'a fasciné, autant que ses habitants qui vivent en démocratie dans le cimetière, ils sont attachants et drôles pour la plupart, pour des morts, ils sont étonnament vivants. L'histoire est savoureuse (j'ai adoré les scènes où des fantômes se mobilisaient pour faire l'école à Nobody et certains ne comprenaient pas pourquoi il n'arrivait pas à disparaître, comme eux, et les cours qu'ils donnent sont si différents de ce qu'on apprend, de ce qu'on a), l'écriture de l'auteur est appréciable, on ne tombe pas dans le grotesque, les situations sont bien amenées et plausibles, avec un rythme soutenu qui fait qu'on a pas le temps de s'ennuyer, l'intérêt reste en éveil. Rien d'étonnant, après tout, j'ai toujours pensé que les britanniques avaient un don pour raconter des histoires pour enfants, qui allaient dans l'étrange, dans le fantastique.
La fin m'a fait un peu mal au coeur et m'a fait pensé à Peter Pan : Nobody, ou Bod, grandit, et au fur et à mesure qu'il quitte le monde de l'enfance, il voit moins les morts et eux-mêmes se conduisent différement avec lui bien qu'ils conservent leur affection pour ce vivant qu'ils ont accueillit et aimé. C'est Silas qui lui conseillera... eh bien, de vivre, tout simplement. C'est une histoire pittoresque, agréable, elle se laisse lire à tout âge et ça me donne envie de découvrir plus Neil Gaiman. Et puis aussi, la couverture est très jolie, elle attire le regard et donc le lecteur, j'aime beaucoup, elle a un style très beau esthétiquement et qui a un certain charme.
Extrait :
Ils la connaissaient, ceux du cimetière, car chacun d'entre nous, à la fin de ses jours, rencontre la Dame au cheval blanc, et nul ne l'oublie.
Le cheval s'arrêta près de l'obélisque. A l'est le ciel blanchissait légèrement, une luminescence nacrée d'avant l'aube qui mettait ceux du cimetière mal à l'aise et leur donnait envie de regagner le confort de leur logis. Pourtant aucun d'entre eux ne bougea. Ils regardaient la Dame au cheval blanc, et tous étaient mi-excités, mi-effrayés. Les morts ne sont pas superstitieux en général, mais ils la regardaient comme un augure romain aurait scruté les cercles de corbeaux sacrés, à la recherche de la sagesse, à la recherche d'un indice.
Et elle leur parla.
D'une voix semblable au carillon de cent minuscules clochettes d'argent, et elle prononça ces simples mots :
- Les morts doivent être charitables.
Et elle sourit.
(...) Le sujet était clos, et, sans même un vote à main levée, la décision fut prise. L'enfant Nobody Owens serait nommé citoyen libre du cimetière.
Chapitre un. Comment Nobody vint au cimetière.