Persépolis (T. 1 à 4) - Marjane Satrapi.
o0o
L'auteur :
Marjane Satrapi, née le 22 novembre 1969, est une auteur de bande-dessinée (dessinatrice et scénariste) française, d'origine iranienne, principalement connue pour son oeuvre Persépolis.
Poulet aux prunes.
Emprunt médiathèque.
/ ! \ Challenge Histoire / ! \
Quatrième de couverture :
Toute petite, Marjane voulait être prophète. Elle se disait qu’elle pourrait ainsi soigner le mal de genoux de sa grand-mère. En 1979, l’année de ses dix ans et de la révolution iranienne, elle a un peu oublié Dieu. Elle s’est mise à manifester dans le jardin de ses parents en criant « à bas le roi ! ». Là, elle s’imaginait plutôt en Che Guevara. Il faut dire qu’à l’époque, son livre préféré s’appelait Le Matérialisme dialectique. Marjane trouvait d’ailleurs que Marx et Dieu se ressemblaient. Marx était juste un peu plus frisé, voilà tout. Après, la vie a continué, mais en beaucoup moins drôle. La révolution s’est un peu emballée. Et la guerre contre l’Irak est arrivée…
Mon avis :
J'ai d'abord découvert le film avant de lire la bande-dessinée dans son intégralité, enfin ce n'est pas vraiment une découverte mais plutôt une relecture, mais ça faisait longtemps que je voulais faire un article sur Persépolis sans trouver la motivation et les mots justes, mais enfin je prends le temps de taper cet article, et puis ça faisait tellement longtemps que je n'avais plus rien posté pour le challenge Histoire ou dans la catégorie 'Bande-dessinée' x)
Marjane Satrapi nous raconte son enfance en Iran, cette BD est donc à caractère autobiographique avec un fond historique. L'auteur nous offre quelques pages d'Histoire, sur des faits historiques ayant marqué l'époque, pouvant ainsi aider le lecteur à mieux comprendre le contexte dans lequel elle a vécu et c'est raconté avec beaucoup d'émotion, de simplicité et sincérité. Comme Maus, c'est une BD en noir et blanc, (auto)biographique et relatant des faits historiques. Les dessins sont simples mais d'une simplicité efficace. Marjane Satrapi retrace des évènements de sa vie qui l'ont marqué et changé, qui ont joué un rôle au cours de son enfance et son adolescence à Téhéran.
A travers cet aspect autobiographique, l'auteur a l'occasion de parler de son pays d'origine, l'Iran, et des bouleversements historiques, politiques qui ont marqué le pays, surtout depuis le renversement du Chah et de la révolution culturelle, l'horreur de la guerre contre l'Irak, les exécutions... C'est toute une société qui change, qui se réorganise et pas seulement de façon positive : les femmes sont persécutées, les intellectuels ont moins de liberté d'expression, beaucoup de choses deviennent interdites. Et à travers ses yeux d'enfant puis de jeune fille, Marjane Satrapi retrace tout cela en plus de sa vie avec sa famille, ses proches.
La condition féminine est aussi traitée par l'auteur ; étant une femme, l'auteur nous raconte les changements de la révolutions pour la femme : on impose le voile, une vision de la femme bien négative (traitresse, menteuse, inférieure, impudique), d'une école laïque mixte, Marjane passe à une école religieuse où sont séparés filles et garçons et Marjane, enfant, a du mal à comprendre ces bouleversements. Elle a dû user de ruse pour afficher sa rebellion : maquillage discret, une mèche de cheveux qui dépasse le voile, des petits détails qui permettent d'afficher sa révolte face à sa situation. D'ailleurs, l'auteur ne se gêne pas pour montrer, parfois, l'absurdité de telle loi ou telle situation. C'est une quête d'identité : comment se sentir femme dans un pays où la femme a une image bien négative aux yeux de la loi ? Comment s'affirmer dans une société où il y a beaucoup d'interdits ? Et c'est d'abord pour ça que Marjane quittera temporairement l'Iran pour l'Europe où elle découvrira liberté, sexe, drogue même si pour cela, elle doit renonçer en partie à sa qualité d'iranienne. Elle ne voulait que s'enfuir pour mieux s'exprimer, pour prouver que son pays n'a pas toujours été aussi répressif, et que ça pourrait changer un jour...
Niveau historique, j'ai découvert un aspect de l'Histoire auquel je ne m'étais jamais intéressée auparavant, comme la révolution iranienne de 1979, le renversement du Chah d'Iran, mais contrairement aux manuels d'Histoire, cette BD retrace les évènements de façon interne : comment sa ville, sa famille, ses proches et elle-même ont-ils vécu ces évènements, tous ces bouleversements ? Comment se construire après tout cela ? Quelle vision de l'auteur avant, pendant et après tout ça ? Et, peu à peu, le récit va de plus en plus vers la notion d'identité personnelle et culturelle, la notion d'appartenance, le sentiment d'exil. Notion d'identité car elle se questionne, elle se cherche longtemps. Notion d'appartenance et d'exil parce que Marjane passera quelques années en Autriche et elle se questionne sur ce qu'elle est, ce qu'elle veut, la notion d'un chez-soi, d'une maison.
L'auteur nous offre sa vision des choses, nous expose des faits qu'elle a vécu avec sa famille, elle nous parle de ses idées, son point de vue de toute cette histoire, mais aussi sa vie, ses amis, sa famille et en particulier ses parents et sa grand-mère qui lui est très attachée, il faut dire que le personnage de la grand-mère a un côté très rassurant, elle offre conseil, réconfort. Loin d'imposer un avis brutal, l'auteur nous amène à doucement et lentement comprendre les choses au fur et à mesure de ses réflexions. Ca permet d'éviter les fausses conclusions, les mauvaises déductions, les avis sans fondements et jugements trop hâtifs. Mais ce qui m'a plu était l'aisance d'allier situations tristes et dramatiques, nous avons des scènes touchantes, tristes ou drôles. Drôlerie, gravité, légèreté sont au rendez-vous, le tout raconté avec beaucoup de sincérité. C'est un beau témoignage qui parle d'un contexte pas si connu finalement (surtout pour moi en fait), ce n'est pas un sujet que j'ai vraiment abordé en cours et ce n'est pas ce qui m'intéressait le plus niveau Histoire. Si ce n'était pas un coup de coeur, c'est une lecture qui marque...