Le Chaperon Rouge - Sarah Blakley-Cartwright.
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'Tempt the fates, beware the smile
It hides all the teeth, my dear,
What's behind them...'
- Someone's in the wolf, Queen of the Age Stone -
L'auteur :
Sarah Blakley-Cartwright (née le ?) est une auteur américaine, écrivant à New-York ou Los Angeles. Elle a déjà été couronnée de deux prix littéraires pour ses écrits.
Quatrième de couverture :
Le village de Daggerhorn semble sommeiller au creux de la vallée. Depuis des générations, le Loup qui menace sa tranquilité est tenu à l'écart grâce à un sacrifice mensuel. Mais aujourd'hui, plus personne n'est à l'abri. Et la peur rôde...
A la mort d'un de ses proches, Valérie est inconsolable. Henry, le séduisant fils du forgeron, tente de gagner ses faveurs, mais le coeur indompté de la belle bat pour un autre garçon : Peter, le bûcheron exclu du groupe, qui lui offre des escapades palpitantes en dehors du cocon familial.
Un beau jour, un chasseur de loups de passage dans la région fait une terrible révélation qui provoque la stupeur des villageois : la Bête qui les terrorise vit parmi eux. Chacun devient suspect. Bientôt, on comprend que seule Valérie peut entendre la voix du Loup. Et que celui-ci exige qu'elle le rejoigne avant que le sang ne coule...
Mon avis :
Ce livre me faisait envie dès que j'ai vu sa couverture, j'ai pensé que ce devait être une version gothique, plus sombre du conte de notre enfance, Le Petit Chaperon Rouge. Certes, la couverture n'est que l'une des affiches du film, mais elle attire l'oeil, elle est douce au toucher, la mise en page tout simplement magnifique, chaque chapitre présenté de façon très belle esthétiquement, l'écriture, les dessins... j'ai beaucoup aimé. Est-ce que j'ai aussi aimé ce livre ? Rendez-vous plus bas !
Le Chaperon Rouge relate le quotidien de Valérie, fille cadette d'un couple de bûcherons, jeune fille vivant dans le village de Daggerhorn qui est hanté par la visite du loup-garou chaque nuit où la lune est de couleur rouge, on l'appelle la lune sanglante. Ce loup réclâme, à chaque passage, qu'une victime lui soit offerte en sacrifice, les villageois se sont résolus à sacrifier à chaque nuit sanglante une bête de leur bétail. Une nuit alors que Valérie a sept ans, c'est au tour de sa famille de sacrifier une de leurs bêtes, mais Valérie ne peut se résoudre à abandonner sa chère chèvre à la mort, et donc, elle sort du lit dans l'espoir de détâcher la chèvre mais la voilà qui tombe sur le loup... par miracle, elle survit à cette rencontre insolite. Des années plus tard, Valérie est une jeune adolescente et elle voit revenir au village son ami d'enfance, Peter. Découvrant ses sentiments naissants pour lui, elle tente de l'approcher lorsqu'elle, sa soeur Lucie et leurs amies ont l'autorisation de camper dans les champs après la journée de moisson, mais voilà, le Loup revient pour cette nouvelle lune sanglante et il a choisi cette semaine de lune en particulier pour briser la trêve en tuant un des villageois. Et c'est l'horreur, la tension et la peur qui montent en chaque habitant qui font appel au père Salomon, prêtre chasseur de monstres qui leur annonçe que le Loup pourrait être un des leurs...
Alors, j'avoue que j'avais peur lorsque j'ai appris que ce livre était comme une novélisation du film du même nom, j'ai déjà fait l'expérience des novélisations de films et ce ne fut pas formidable, mais en fait, ça a été tout seul, c'est vraiment bien fait, bien écrit avec les discours, descriptions et tout le reste qu'on retrouverait dans un roman normal. Donc, novélisation ou pas, ça reste un roman jeunesse avec une belle mise en page et une belle façon de représenter les chapitres même si je préfère la couverture anglophone. Passons à l'histoire maintenant !
J'adore les contes de notre enfance et j'ai trouvé très intéressant la réecriture du conte du Petit Chaperon Rouge qui, même s'il n'est pas mon conte préféré, est intéressant à exploiter avec la fille innocente, le grand méchant loup, le chaperon rouge, la grand-mère et le reste. Réecriture d'autant plus intéressante car l'auteur nous offre une version plus sombre et plus inquiètante du conte de notre enfance, et si le roman n'est pas une reproduction fidèle du conte de Perrault, l'auteur reprend des élèments du conte original (la mère-grand, le chaperon rouge, le loup, quelques phrases mythiques) et en même temps différencie son roman du conte sous d'autres aspects (la fille du roman a un prénom, une famille, elle est adolescente et non petite fille dans la majeure partie de l'histoire, le Loup est en fait un loup-garou, le chaperon n'apparaît que dans la seconde partie du roman, la grand-mère est vue comme une sorcière dans le village, pas de candeur ou de morale à la fin) mais ces différences ne m'ont pas trop gênée même si au début, j'étais sceptique au sujet du Loup transformé en loup-garou mais finalement c'est ce qui m'aura le plus tenu en haleine, le plus intéressée dans le roman : le Loup et la découverte de son identité, mais j'y reviendrais plus tard.
Ce qui m'a le plus marqué dans l'histoire était son atmosphère sombre et pesante, nébuleuse, presque gothique, imprégnée de cette ambiance ténébreuse et inquiètante, les tensions et peurs des villageois, les descriptions du village, de la forêt, autant dire que j'ai adoré être immergée dans cette atmosphère particulière, ça me rappellait un peu l'ambiance du film Sleepy Hollow (du très incroyable Tim Burton, s'il-vous-plaît !), et en plus de cela, le vrai jeu sur l'identité du Loup. Il est en grande partie responsable de toute la peur, la tension au village, ce Loup qui se contentait à chaque lune sanglante d'une bête du village qui lui était offerte commet un meurtre du jour au lendemain en assassinant un des habitants et pas n'importe lequel [ Lucie, soeur de Valérie ], tout au long du roman, l'auteur nous fait poiroter jusqu'à la fin pour découvrir la véritable identité du Loup. Je dois avouer que j'étais persuadée que le Loup était [ Peter, l'ami d'enfance de Valérie, garçon qui avait disparu pendant de nombreuses années avant de revenir au village, avec une personnalité un peu sombre, réservée ] j'y ai tellement cru... ben en fait non, j'ai été ravie de voir que je m'étais trompée car si j'avais eu raison, j'aurais continué à penser que le coupable était vraiment trop prévisible et qu'il n'y avait franchement aucune originalité. En même temps, si je ne m'attendais pas à ce que ce personnage en particulier soit le Loup, j'ai été sceptique même si ça se tenait un peu dans un sens (mais franchement un tout petit peu, la personnalité du coupable ne collait pas à celle du Loup tout au long du roman, mais en même temps peut-être était-ce voulu ? Donc, un peu agréablement surprise et semi-déçu concernant la véritable identité du Loup même si ça m'aura vraiment intéressée et plu tout au long de l'histoire, et même si je m'attendais à une meilleure fin pour le Loup, je trouve qu'il meurt un peu de façon stupide)
Le Loup aura installé la peur chez les villageois qui font appel au père Salomon, un prêtre chasseur de loups-garous, qui aura vraiment été LE personnage du roman, inoubliable avec sa personnalité pervertie et sadique, qui justifie ses actes odieux dans sa traque du véritable Loup au nom de Dieu, il m'a vraiment rappellé les prêtres du Moyen-Âge qui chassaient sorcières et cie dans les romans que j'ai pû lire jusqu'à présent (dont l'Epouvanteur, tome 2), le genre de personnage qu'on adore detester, bienvaillant au début mais au final, il ne valait pas mieux que le Loup, il a soif de colère et de vengeance destructrice, il est vraiment prêt à tout pour parvenir à ses fins, et certains villageois ne sont pas mieux, surtout dans leur impuissance, leur volonté de ne rien faire pour aider. Sinon, j'ai trouvé bien sympathiques Peter et Henry, les deux garçons amoureux de Valérie, bien que je n'aurais pas été contre pour plus de personnalité chez eux. Le premier, ami d'enfance de Valérie, le second fils de bûcheron, tous deux seront fréquemment mis en avant. Claude aussi m'a beaucoup touché, petit garçon assez étrange, bizarre mais touchant et adorable, j'ai eu souvent de la peine pour lui. Valérie... je reste assez mitigée sur l'héroïne, elle est agréable à suivre, plutôt sympa, pas forçément chiante, Dieu merci elle ne pense pas tout le temps qu'à Peter et son dilemme avec Henry, ce qui m'a plu c'est son côté rebelle, enfant de la nature et toussa, malheureusement je l'ai moins aimé quand ses sentiments amoureux ont vu le jour, et je la trouve assez indécise (elle roucoule avec Peter puis prend peur en pensant que c'est le Loup, elle pense que finalement ce serait sage d'avoir une vie tranquille avec Henry et oublier Peter, puis elle dit non et se languit de Peter...)
Et bien évidemment, puisque c'est un roman jeunesse, la palette habituelle des émotions et sentiments des adolescentes en phase de devenir adultes sont au rendez-vous, et nous n'y échappons pas, même pas Valérie. Cette partie m'a le moins intéressée, voire même agaçée au début du roman quand les amies de Valérie et sa soeur ne parlaient que garçons, ce qui fait que j'ai eu du mal à m'accrocher au roman avant la seconde apparition du Loup, aux alentours de la page 100 environ. Et même les émois amoureux de Valérie et le triangle amoureux ne m'a pas intéressée des masses, de toute façon je trouve que c'était évident de qui elle allait choisir. Tellement prévisible. Et puis, l'écriture de l'auteur (ou est-ce la traduction ?) est parfois lourde, maladroite, brouillon, trop changeante et graphique... mais peut-être cela est dû au fait que c'est une novélisation du scénario du film ? Au moins, l'enquête, l'atmosphère du village, le Loup dominant le roman et les quelques secrets familiaux rattrapent tout cela. L'auteur qui joue avec le lecteur avec l'identité du Loup, une histoire qui tient la route, la romance n'est pas ce qui domine le plus l'histoire (à cela je dis : merci !!).
Autre point qui m'a plus qu'agaçé : à la toute fin, on est sur le point de découvrir la véritable identité du Loup. Impatiente, je tourne la page... et retient un juron, une exclamation rageuse. Et oui ! Il faut se connecter sur le site de Michel Lafon pour découvrir le chapitre bonus. Je vous laisse imaginer combien ce fut frustrant et déstabilisant pour moi, alors imaginez les lecteurs qui n'ont pas internet ! Ma frustration a d'autant plus augmenté car mon ordinateur refuse d'ouvrir les fichiers venant de sites et que la version française du chapitre bonus sur le site de Michel Lafon est indisponible sur l'ordi familial, j'ai dû donc aller sur le site du livre anglophone pour lire this-damned-chapter !! (ce fichu chapitre que j'ai fini par imprimer pour ranger dans le roman) car oui, la version française a repris le procédé du roman en VO en coupant le dernier chapitre.
Alors, conclusion ? Ce fut un roman agréable à lire, le suspence est présent, les secrets aussi, l'amosphère unique et le jeu du suspence sur le Loup et son identité sont le must de ce roman, l'histoire tient la route et ça va vite à lire, malgrè l'écriture maladroite, une personnalité à peine creusée chez certains personnages et le dernier chapitre coupé. Un bon roman jeunesse divertissant, pas inoubliable, mais un bon moment de lecture.
Extrait :
Ce jeune homme tranquille [Claude] remarquait ce que personne d'autre ne voyait [...] Il voyait ce qui se terrait dans l'ombre et même au-delà. Il prenait les mystères très au sérieux, et il s'efforçait de les comprendre. C'était précisément parce qu'il y avait des choses insondables qu'il y avait tant de beauté dans le monde. Il avait du mal à se concentrer, car il essayait de tout embrasser d'un seul geste et ne savait où donner de la tête.
7.
un coucou en passant par ici.
ah le petit chaperon rouge , elle s'inspire un peu du conte de Perrault
cette histoire de loup me fait penser un peu aussi à celle autour de la bête du Gévaudan mais bon c'est encore différent comme histoire .
bises et A+ d' Emmanuel