Dracula - Bram Stoker.
o0o
'Tes pauvres mains tenues
Tu pries à corps perdu
Ton sang lavera nos fronts
Les vautours t'embrasseront.'
- We'll never die, Mylène Farmer -
L'auteur :
Abraham Stoker, dit Bram Stoker, (8 novembre 1847 - 21 avril 1912) fut un écrivain irlandais, auteur de nombreux romans et de nouvelles. Il fut surtout connu grâce à son célèbre ouvrage intitulé Dracula.
Lecture en ligne du roman (en VO) ici.
o0o
'Tes pauvres mains tenues
Tu pries à corps perdu
Ton sang lavera nos fronts
Les vautours t'embrasseront.'
- We'll never die, Mylène Farmer -
L'auteur :
Abraham Stoker, dit Bram Stoker, (8 novembre 1847 - 21 avril 1912) fut un écrivain irlandais, auteur de nombreux romans et de nouvelles. Il fut surtout connu grâce à son célèbre ouvrage intitulé Dracula.
Lecture en ligne du roman (en VO) ici.
Quatrième de couverture :
Répondant à l'invitation du comte Dracula qui prépare son prochain voyage en Angleterre, Jonathan Harker découvre à son arrivée dans les Carpates un pays mystérieux. Un pays aux forêts ténébreuses et aux montagnes menaçantes. Un pays peuplé de loups dont les habitants se signent au nom de Dracula. Malgrè la bienveillance de son hôte, le jeune clerc ne peut qu'éprouver une angoisse grandissante. Ce comte, qui contrôle son courrier et verrouille les porte de son château, ne se reflète pas dans les miroirs et se déplace sur les murs en défiant les lois de l'apesanteur... Jonathan Harker doit se rendre à la terrifiante évidence : il est prisonnier d'un homme qui n'est pas un homme. Et qui partira bientôt hanter les nuits de Londres...
Mon avis :
C'est suite au visionnage du film de Francis Ford Coppola que j'ai eu envie de découvrir le livre, et donc de me plonger pour la première fois dans la littérature vampirique. Le livre étant souvent meilleur que le film qui l'adapte (et j'avais aimé le film ! pensez-donc, un Gary Oldman en Dracula !), et je voulais découvrir la 'vraie' histoire de Dracula, entendons par là le roman original de Bram Stoker s'étant lui-même inspiré des légendes et de l'histoire de Vald Tepes ayant inspiré le vampire Dracula. En effet, si Dracula est définitivement le vampire le plus célèbre, c'est toujours mieux de découvrir l'oeuvre originale le mettant à l'avant. Mais à ceux qui ont vu le film de Coppola : ne vous attendez pas à retrouver une histoire d'amour entre Mina et Dracula. S'il y a des rencontres entre les deux personnages dans le roman, ils ne sont en aucun cas amants, et pour tout dire, après avoir lu le livre, j'ai franchement du mal à voir Dracula, ce grand vampire rusé et maléfique, sans âme et sans scrupules, tomber amoureux. L'idée est ridicule, mais à ceux qui adorent le film, je peux comprendre, j'ai dévoré le film avant de découvrir le livre, alors ne me jetez pas les tomates si je trouve à présent l'idée d'un Dracula amoureux très improbable.
L'histoire de Dracula donc, elle commençe par le voyage d'un jeune clerc anglais fiançé et plein d'avenir, Jonathan Harker, en Transylvanie. Il doit se rendre chez un hôte bien mystérieux, le comte Dracula, pour mener à bien la vente d'une vieille demeure d'Angleterre. Jonathan découvre à son arrivée dans les Carpathes un pays pour le moins mystérieux et sauvage, aux forêts ténébreuses, aux montagnes menaçantes, à cette nature indomptée peuplée de loups, un pays où les habitants se signent au nom de Dracula. Tout prête à croire que le terreur régne autour du comte Dracula, et l'on conjure Jonathan de ne pas s'aventurer au château. Jonathan fait oreille sourde aux avertissements des paysans et décide de continuer la mission qui lui a été confiée, pourtant il se rendra bien vite compte que quelque chose cloche chez le comte Dracula car malgrè la courtoisie et la bienvaillance de son hôté, Jonathan ne peut s'empêcher d'éprouver une certaine angoisse et des doutes de plus en plus grandissants envers ce comte qui semble se rendre maître des loups, qui contrôle son courrier, qui verouille les portes du château, qui semble être le seul habitant de la demeure, qui n'apparaît jamais le jour, qui se déplace sur les murs en défiant les lois de l'apesanteur, qui ne se reflète pas dans les miroirs, qui ne semble pas se nourir... tous ces élèments qui amènent Jonathan à découvrir l'évidence terrible qui fait qu'il est prisonnier de ce château et d'un homme qui ne semble ne pas faire parti du commun des mortels... De son côté, en Angleterre, Mina Murray est loin de se douter de la situation de son fiançé et profite de son séjour chez son amie Lucy Westenra qui finira par souffrir d'un mal étrange après une nuit mouvementée... qu'arrive donc t-il à sa chère amie ? Et alors que le temps passe, des évènements de plus en plus étranges surviennent à Londres. Le docteur John Seward s'active à soigner son amie Lucy, et fait appel pour cela à son maître et vieil ami le professeur Van Helsing qui soupçonnera la véritable origine du mal de Lucy et la cause du mal qui semble rôder en Angleterre... mais tout ne s'arrête pas là, bien au contraire...
Je suis ressortie très positive sur ce roman gothique, c'est vraiment mon coup de coeur de l'année 2008. J'ai dévoré le livre, malgrè une certaine lenteur vers la fin, et je ne regrette pas du tout cette lecture. Bien-sûr, il faut aimer les histoires de vampires de la littérature classique, les vampires traditionnels, le genre qu'on détruit à coup de pieux, d'eau bénite et de vade retro satanas !!. Mais puisque c'est mon premier livre sur les vampires, je ne me suis pas plainte et j'ai adoré, tout simplement. Au niveau du style, le livre est sous forme de journaux intimes, d'extraits de journaux de la presse, de comptes rendus, de carnets de bord, de lettres, de télégrammes mais le tout écrit sous forme de récit. Bien-sûr, il y en a que ça peut gêner, que le livre soit épistolaire. Parfois, il est vrai, ce fut lourd et pesant, d'autant plus que certains passages étaient inutiles mais ça ne m'a pas si gênée que ça, après pour d'autres si mais moi je n'ai pas eu trop de problèmes malgrè quelques moments lourds, longs et pesants dans le récit. Quelques longueurs donc mais ça s'arrange par la suite. C'est fluide et très imagé. Dracula reste un classique très abordable, très riche, variant les points de vue avec divers personnages tous très sympathiques à suivre. L'alternance des points de vue avec les divers journaux intimes vaut au moins le fait de mieux découvrir en profondeur la plupart des personnages. Chacun nous relate ses peurs, ses angoisses, ses convictions, son quotidien, sa foi, ses raisonnements, ses pensées les plus intimes.
J'ai aimé, au début du roman, les descriptions de la Transylvanie, des Carpathes, de ces lacs froids, ces forêts sauvages, ces paysages sombres, menaçants et inquiètants, des coutumes et moeurs du pays, du château de Dracula, de l'histoire de Dracula, tout est très bien décrit, c'est beau, frais et dépaysant. Il y a un vrai travail de recherche sur ces contrées, sur le personnage de Dracula et de ses ancêtres et leurs histoires. Bram Stoker a fait un bon travail, tout est bien recherché, même du niveau des pratiques et des technologies du siècle (chirurgie, psychologie, linguistique, trépanation, médecine, étude des forces occultes et du paranormal, parapsychologie), car certains personnages sont très cultivés : Dracula, Van Helsing, et n'oublions pas John Seward qui travaille en tant que docteur mais aussi dans un asile de fous et ses notes sur un patient qu'il suit sont très intéressantes, il s'agit de Renfield dont l'état psychologique a radicalement changé depuis sa rencontre avec Dracula. Berçé dans sa douce folie, sa dévotion pour son maître, son intérêt chez les insectes qu'il élève ou mange (ou les deux) ; la plupart du temps fou et même fou-furieux, il peut devenir bien éduqué, lucide et charmant et l'instant d'après replonger dans sa folie, il reste un cas et donc un personnage très intéressant à exploiter et je comprends l'intérêt de Seward pour lui car il est un personnage clé du roman.
Si vous voulez découvrir Dracula, le vrai, je vous conseille de lire ce livre. Bien-sûr, découvrir le vrai Dracula et non le gentleman cultivé amoureux de Mina, torturé par sa condition de vampire, qu'on voit surtout dans les films et dans quelques livres, ne peut pas plaire à tous ou plutôt à toutes. Ici, Dracula est le mal incarné. On l'aime et on le deteste. Il est à la fois repoussant et ignoble puisqu'il incarne le diable et qu'il est l'auteur de plusieurs choses affreuses mais il est également un homme cultivé, rusé, malin, fort, il est la beauté éternelle par excellence. S'il paraît vieux et plutôt laid au début du roman, il se révèle par la suite un prédateur au charme fou, assoiffé de sang et de vengeance. Il a un but à mener et il fera beaucoup pour l'achever. Il est le symbole des âmes tourmentées pour l'éternité puisqu'il a vendu son âme au diable, on le hait pour ce qu'il est mais on le plaint pour ce qu'il ne sera jamais : un homme tout simplement. Et seule Mina le comprend alors que tout le reste des personnages ne voit en lui qu'un monstre sanguinaire. En parlant de Mina, elle fut très plaisante à suivre : simple, humble, humaine, intelligente, courageuse, pieuse, elle a un grand rôle dans le roman et aidera les hommes à plusieurs reprises dans la traque de Dracula. Une simple femme qui a assez de liberté, d'indépendance, de courage et d'intelligence pour partir et/ou aider les hommes à se débarasser de Dracula. Pour une femme du XIXe siècle, elle a un beau rôle, elle ne reste pas toujours à l'arrière en attendant le retour des héros, non, elle aide beaucoup, et elle reste un personnage féminin très important dans le roman.
Puisqu'on parle de personnages, continuons ! J'ai aimé le docteur Seward, l'ancien élève de Van Helsing, médecin travaillant dans un asile de fou, et en particulier le trio qu'il forme avec Quincey Morris, l'américain, et Arthur Holmwood, l'aristocrate anglais et fiançé de Lucy. Trois amis différents réunis pour leur affection profonde pour Lucy, tous trois proches, qui chasseront ensemble le vampire, leur amitié et solidarité seront leur force principale. Et comment oublier la douce Lucy Westenra, pauvre victime dans l'histoire, de Dracula, surtout quand on sait ce qui adviendra d'elle. et aussi Jonathan, d'abord innocent et candide au début du roman, son expérience dans la château de Dracula le changera profondément, sans changer son amour pour Mina, profondément marqué, devenu quelque peu distant, matûre, déterminé à se venger de l'homme qui a bouleversé sa vie. Mais le personnage qui m'a le plus plu et marqué était sans conteste le professeur Abraham Van Helsing. Un personnage haut en couleur, cultivé, intelligent, déterminé, parfois impétueux, croyant mais savant, très attaché à ses amis et son ancien élève, il y a un véritable combat intellectuel entre lui et Dracula, tous deux très intelligents. Le vampire et le chasseur de vampire. Au niveau des personnalités, les personnages sont bien fouillés, tous très intéressants et attachants à leur manière, quoique un peu trop manichéens pour certains mais ça s'arrête là.
Quelques longueurs arrivent vers la fin, fin qui est d'ailleurs plutôt précipitée mais finalement, malgrè la deception sur la fin précipitée, j'en ai ressentie un profond soulagement et l'on est enfin délivrée de l'atmosphère lourde et inquiètante du récit. Au final, Dracula est un récit gothique, fantastique, qui nous offre des personnages très intéressants et attachants, une intrigue intéressante qui tient en haleine, on découvre le vampire par excellence, c'est plein d'émotion. Le style de Bram Stoker est hypnotisant, et si le roman ne fait pas si peur que ça au final (peut-être était-ce plus effrayant pour les gens de l'époque ?), l'histoire est passionnante, bien recherchée, on sent tout de travail de l'auteur, c'est une bonne histoire de vampire de la littérature classique, un bon récit gothique et fantastique qui m'aura enfin permi de découvrir Dracula. Vraiment, c'est un excellent roman, une très bonne surprise !
Extrait :
Le professeur fut interrompu d'une manière plus que surprenante. Hors de la maison, une détonation creva le silence. La fenêtre vola en éclats et la balle, ricochant sur le haut de l'embrasure, alla frapper le mur du fond. J'ai bien peur de n'être qu'une faible femme, car je me suis mis à hurler. Les hommes bondirent tous sur leurs pieds. Lord Godalming se précipita vers la fenêtre qu'il ouvrit sans hésiter. En même temps, nous entendîmes la voix de Mr. Morris :
- Excusez-moi ! Je crains de vous avoir alarmés. Je monte vous expliquer tout de suite !
Une minute plus tard, il rentra dans la pièce et dit :
- C'était bien idiot de ma part, et je vous prie de m'excuser, Mrs Harker, bien sincèrement ! Je vous ai sans doute terriblement effrayée. C'est sans doute insensé mais, pendant que le professeur nous parlait, une grande chauve-souris est venue se poser sur le rebord de la fenêtre. Depuis ces derniers évènements, ces animaux m'inspirent une telle horreur que je ne puis plus les supporter. Je suis donc sorti l'abattre, comme je l'ai fait depuis plusieurs soirées déjà. Vous êtes-vous assez moqué de moi, Art !
- L'avez-vous touchée ? demanda le docteur
- Je ne crois pas, car elle s'est envolée en direction des bois.
Sans ajouter une parole, il reprit sa place et le professeur poursuivit.
Chapitre XVIII. (Journal de Mina Harker)
Répondant à l'invitation du comte Dracula qui prépare son prochain voyage en Angleterre, Jonathan Harker découvre à son arrivée dans les Carpates un pays mystérieux. Un pays aux forêts ténébreuses et aux montagnes menaçantes. Un pays peuplé de loups dont les habitants se signent au nom de Dracula. Malgrè la bienveillance de son hôte, le jeune clerc ne peut qu'éprouver une angoisse grandissante. Ce comte, qui contrôle son courrier et verrouille les porte de son château, ne se reflète pas dans les miroirs et se déplace sur les murs en défiant les lois de l'apesanteur... Jonathan Harker doit se rendre à la terrifiante évidence : il est prisonnier d'un homme qui n'est pas un homme. Et qui partira bientôt hanter les nuits de Londres...
Mon avis :
C'est suite au visionnage du film de Francis Ford Coppola que j'ai eu envie de découvrir le livre, et donc de me plonger pour la première fois dans la littérature vampirique. Le livre étant souvent meilleur que le film qui l'adapte (et j'avais aimé le film ! pensez-donc, un Gary Oldman en Dracula !), et je voulais découvrir la 'vraie' histoire de Dracula, entendons par là le roman original de Bram Stoker s'étant lui-même inspiré des légendes et de l'histoire de Vald Tepes ayant inspiré le vampire Dracula. En effet, si Dracula est définitivement le vampire le plus célèbre, c'est toujours mieux de découvrir l'oeuvre originale le mettant à l'avant. Mais à ceux qui ont vu le film de Coppola : ne vous attendez pas à retrouver une histoire d'amour entre Mina et Dracula. S'il y a des rencontres entre les deux personnages dans le roman, ils ne sont en aucun cas amants, et pour tout dire, après avoir lu le livre, j'ai franchement du mal à voir Dracula, ce grand vampire rusé et maléfique, sans âme et sans scrupules, tomber amoureux. L'idée est ridicule, mais à ceux qui adorent le film, je peux comprendre, j'ai dévoré le film avant de découvrir le livre, alors ne me jetez pas les tomates si je trouve à présent l'idée d'un Dracula amoureux très improbable.
L'histoire de Dracula donc, elle commençe par le voyage d'un jeune clerc anglais fiançé et plein d'avenir, Jonathan Harker, en Transylvanie. Il doit se rendre chez un hôte bien mystérieux, le comte Dracula, pour mener à bien la vente d'une vieille demeure d'Angleterre. Jonathan découvre à son arrivée dans les Carpathes un pays pour le moins mystérieux et sauvage, aux forêts ténébreuses, aux montagnes menaçantes, à cette nature indomptée peuplée de loups, un pays où les habitants se signent au nom de Dracula. Tout prête à croire que le terreur régne autour du comte Dracula, et l'on conjure Jonathan de ne pas s'aventurer au château. Jonathan fait oreille sourde aux avertissements des paysans et décide de continuer la mission qui lui a été confiée, pourtant il se rendra bien vite compte que quelque chose cloche chez le comte Dracula car malgrè la courtoisie et la bienvaillance de son hôté, Jonathan ne peut s'empêcher d'éprouver une certaine angoisse et des doutes de plus en plus grandissants envers ce comte qui semble se rendre maître des loups, qui contrôle son courrier, qui verouille les portes du château, qui semble être le seul habitant de la demeure, qui n'apparaît jamais le jour, qui se déplace sur les murs en défiant les lois de l'apesanteur, qui ne se reflète pas dans les miroirs, qui ne semble pas se nourir... tous ces élèments qui amènent Jonathan à découvrir l'évidence terrible qui fait qu'il est prisonnier de ce château et d'un homme qui ne semble ne pas faire parti du commun des mortels... De son côté, en Angleterre, Mina Murray est loin de se douter de la situation de son fiançé et profite de son séjour chez son amie Lucy Westenra qui finira par souffrir d'un mal étrange après une nuit mouvementée... qu'arrive donc t-il à sa chère amie ? Et alors que le temps passe, des évènements de plus en plus étranges surviennent à Londres. Le docteur John Seward s'active à soigner son amie Lucy, et fait appel pour cela à son maître et vieil ami le professeur Van Helsing qui soupçonnera la véritable origine du mal de Lucy et la cause du mal qui semble rôder en Angleterre... mais tout ne s'arrête pas là, bien au contraire...
Je suis ressortie très positive sur ce roman gothique, c'est vraiment mon coup de coeur de l'année 2008. J'ai dévoré le livre, malgrè une certaine lenteur vers la fin, et je ne regrette pas du tout cette lecture. Bien-sûr, il faut aimer les histoires de vampires de la littérature classique, les vampires traditionnels, le genre qu'on détruit à coup de pieux, d'eau bénite et de vade retro satanas !!. Mais puisque c'est mon premier livre sur les vampires, je ne me suis pas plainte et j'ai adoré, tout simplement. Au niveau du style, le livre est sous forme de journaux intimes, d'extraits de journaux de la presse, de comptes rendus, de carnets de bord, de lettres, de télégrammes mais le tout écrit sous forme de récit. Bien-sûr, il y en a que ça peut gêner, que le livre soit épistolaire. Parfois, il est vrai, ce fut lourd et pesant, d'autant plus que certains passages étaient inutiles mais ça ne m'a pas si gênée que ça, après pour d'autres si mais moi je n'ai pas eu trop de problèmes malgrè quelques moments lourds, longs et pesants dans le récit. Quelques longueurs donc mais ça s'arrange par la suite. C'est fluide et très imagé. Dracula reste un classique très abordable, très riche, variant les points de vue avec divers personnages tous très sympathiques à suivre. L'alternance des points de vue avec les divers journaux intimes vaut au moins le fait de mieux découvrir en profondeur la plupart des personnages. Chacun nous relate ses peurs, ses angoisses, ses convictions, son quotidien, sa foi, ses raisonnements, ses pensées les plus intimes.
J'ai aimé, au début du roman, les descriptions de la Transylvanie, des Carpathes, de ces lacs froids, ces forêts sauvages, ces paysages sombres, menaçants et inquiètants, des coutumes et moeurs du pays, du château de Dracula, de l'histoire de Dracula, tout est très bien décrit, c'est beau, frais et dépaysant. Il y a un vrai travail de recherche sur ces contrées, sur le personnage de Dracula et de ses ancêtres et leurs histoires. Bram Stoker a fait un bon travail, tout est bien recherché, même du niveau des pratiques et des technologies du siècle (chirurgie, psychologie, linguistique, trépanation, médecine, étude des forces occultes et du paranormal, parapsychologie), car certains personnages sont très cultivés : Dracula, Van Helsing, et n'oublions pas John Seward qui travaille en tant que docteur mais aussi dans un asile de fous et ses notes sur un patient qu'il suit sont très intéressantes, il s'agit de Renfield dont l'état psychologique a radicalement changé depuis sa rencontre avec Dracula. Berçé dans sa douce folie, sa dévotion pour son maître, son intérêt chez les insectes qu'il élève ou mange (ou les deux) ; la plupart du temps fou et même fou-furieux, il peut devenir bien éduqué, lucide et charmant et l'instant d'après replonger dans sa folie, il reste un cas et donc un personnage très intéressant à exploiter et je comprends l'intérêt de Seward pour lui car il est un personnage clé du roman.
Si vous voulez découvrir Dracula, le vrai, je vous conseille de lire ce livre. Bien-sûr, découvrir le vrai Dracula et non le gentleman cultivé amoureux de Mina, torturé par sa condition de vampire, qu'on voit surtout dans les films et dans quelques livres, ne peut pas plaire à tous ou plutôt à toutes. Ici, Dracula est le mal incarné. On l'aime et on le deteste. Il est à la fois repoussant et ignoble puisqu'il incarne le diable et qu'il est l'auteur de plusieurs choses affreuses mais il est également un homme cultivé, rusé, malin, fort, il est la beauté éternelle par excellence. S'il paraît vieux et plutôt laid au début du roman, il se révèle par la suite un prédateur au charme fou, assoiffé de sang et de vengeance. Il a un but à mener et il fera beaucoup pour l'achever. Il est le symbole des âmes tourmentées pour l'éternité puisqu'il a vendu son âme au diable, on le hait pour ce qu'il est mais on le plaint pour ce qu'il ne sera jamais : un homme tout simplement. Et seule Mina le comprend alors que tout le reste des personnages ne voit en lui qu'un monstre sanguinaire. En parlant de Mina, elle fut très plaisante à suivre : simple, humble, humaine, intelligente, courageuse, pieuse, elle a un grand rôle dans le roman et aidera les hommes à plusieurs reprises dans la traque de Dracula. Une simple femme qui a assez de liberté, d'indépendance, de courage et d'intelligence pour partir et/ou aider les hommes à se débarasser de Dracula. Pour une femme du XIXe siècle, elle a un beau rôle, elle ne reste pas toujours à l'arrière en attendant le retour des héros, non, elle aide beaucoup, et elle reste un personnage féminin très important dans le roman.
Puisqu'on parle de personnages, continuons ! J'ai aimé le docteur Seward, l'ancien élève de Van Helsing, médecin travaillant dans un asile de fou, et en particulier le trio qu'il forme avec Quincey Morris, l'américain, et Arthur Holmwood, l'aristocrate anglais et fiançé de Lucy. Trois amis différents réunis pour leur affection profonde pour Lucy, tous trois proches, qui chasseront ensemble le vampire, leur amitié et solidarité seront leur force principale. Et comment oublier la douce Lucy Westenra, pauvre victime dans l'histoire, de Dracula, surtout quand on sait ce qui adviendra d'elle. et aussi Jonathan, d'abord innocent et candide au début du roman, son expérience dans la château de Dracula le changera profondément, sans changer son amour pour Mina, profondément marqué, devenu quelque peu distant, matûre, déterminé à se venger de l'homme qui a bouleversé sa vie. Mais le personnage qui m'a le plus plu et marqué était sans conteste le professeur Abraham Van Helsing. Un personnage haut en couleur, cultivé, intelligent, déterminé, parfois impétueux, croyant mais savant, très attaché à ses amis et son ancien élève, il y a un véritable combat intellectuel entre lui et Dracula, tous deux très intelligents. Le vampire et le chasseur de vampire. Au niveau des personnalités, les personnages sont bien fouillés, tous très intéressants et attachants à leur manière, quoique un peu trop manichéens pour certains mais ça s'arrête là.
Quelques longueurs arrivent vers la fin, fin qui est d'ailleurs plutôt précipitée mais finalement, malgrè la deception sur la fin précipitée, j'en ai ressentie un profond soulagement et l'on est enfin délivrée de l'atmosphère lourde et inquiètante du récit. Au final, Dracula est un récit gothique, fantastique, qui nous offre des personnages très intéressants et attachants, une intrigue intéressante qui tient en haleine, on découvre le vampire par excellence, c'est plein d'émotion. Le style de Bram Stoker est hypnotisant, et si le roman ne fait pas si peur que ça au final (peut-être était-ce plus effrayant pour les gens de l'époque ?), l'histoire est passionnante, bien recherchée, on sent tout de travail de l'auteur, c'est une bonne histoire de vampire de la littérature classique, un bon récit gothique et fantastique qui m'aura enfin permi de découvrir Dracula. Vraiment, c'est un excellent roman, une très bonne surprise !
Extrait :
Le professeur fut interrompu d'une manière plus que surprenante. Hors de la maison, une détonation creva le silence. La fenêtre vola en éclats et la balle, ricochant sur le haut de l'embrasure, alla frapper le mur du fond. J'ai bien peur de n'être qu'une faible femme, car je me suis mis à hurler. Les hommes bondirent tous sur leurs pieds. Lord Godalming se précipita vers la fenêtre qu'il ouvrit sans hésiter. En même temps, nous entendîmes la voix de Mr. Morris :
- Excusez-moi ! Je crains de vous avoir alarmés. Je monte vous expliquer tout de suite !
Une minute plus tard, il rentra dans la pièce et dit :
- C'était bien idiot de ma part, et je vous prie de m'excuser, Mrs Harker, bien sincèrement ! Je vous ai sans doute terriblement effrayée. C'est sans doute insensé mais, pendant que le professeur nous parlait, une grande chauve-souris est venue se poser sur le rebord de la fenêtre. Depuis ces derniers évènements, ces animaux m'inspirent une telle horreur que je ne puis plus les supporter. Je suis donc sorti l'abattre, comme je l'ai fait depuis plusieurs soirées déjà. Vous êtes-vous assez moqué de moi, Art !
- L'avez-vous touchée ? demanda le docteur
- Je ne crois pas, car elle s'est envolée en direction des bois.
Sans ajouter une parole, il reprit sa place et le professeur poursuivit.
Chapitre XVIII. (Journal de Mina Harker)