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Lundi 8 novembre 2010 à 17:42

http://petitelunesbooks.cowblog.fr/images/Couverturesdelivres/ParolesdelOmbre.gifParoles de l'Ombre - Collectif et Jean-Pierre Guéno.

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'On saura jamais c'qu'on a vraiment dans nos ventres
Caché derrière nos apparences
L'âme d'un brave, d'un complice ou d'un bourreau ?
Ou le pire ou le plus beau ?
Serions-nous de ceux qui résistent ou bien les moutons d'un troupeau ?
S'il fallait plus que des mots.'
- Né en 17 à Leidenstadt, J.J Goldman -


Paroles du Jour J.
Paroles de Poilus.
Mon papa en guerre.
Lettres à nos mères.
De Gaulle à Londres : Le souffle de la liberté.


/ ! \ Challenge Histoire / ! \

Quatrième de couverture :  

L'ombre a envahi la France entre 1940 et 1944, sous le signe de la francisque et de la croix gammée. Elle y engendra un second cauchemar après celui de la grande guerre. Et ceux qui avaient vécu la " der des ders " ou souffert de ses conséquences devinrent des résistants, des collabos, des justes ou des indifférents... Et tous agirent dans l'ombre : dans celle de la spéculation, de l'infamie, de la délation ou de la clandestinité. Dans celle de l'action ou de l'indolence. Dans celle de la soumission ou de la Résistance. Dans l'ombre assassine des camps, des chambres à gaz et des cachots. Dans l'ombre protectrice des abris, des caves, des cachettes et des maquis.

Jean-Pierre Guéno a recueilli pour cet ouvrage les lettres et les témoignages des Français sous l'Occupation. Des tranches de vies, des tranches d'histoire à transmettre aux enfants du XXIe siècle, avec leur part d'ombre et leur part de lumière.


Mon avis : 

Après avoir lu Paroles de Poilus, je continue sur ma lançée en lisant Paroles de l'ombre qui est un recueil où sont regroupés lettres, extraits de carnets, des récits de français (ou même quelques étrangers, mais majoritairement des français) sous l'Occupation du pays durant la seconde guerre mondiale.

Après l'introduction, on commençe par se retrouver juste après la guerre 14-18 à travers des lettres, où les soldats rentrent chez eux, blessés aussi bien mentalement que physiquement, traumatisés, et mû par un désir de paix, un pacifisme contagieux, les congés payés qui approchent, reconstruire le pays, essayer d'oublier ce qui explique en partie la raison pourquoi 'on' a choisi de fermer les yeux plutôt que de se méfier de l'ennemi, surtout quand Hitler vint au pouvoir et proféra des paroles peu rassurantes pour les juifs et les autres peuples qu'il semblait déterminé à écraser, tels les français, anglais, polonais... Puis vint l'effondrement en 1939-1940, on s'inquiète trop tard des désirs de vengeance de cette Allemagne qui a repris les armes. C'est l'effondrement de la Pologne, l'entrée en guerre de la France et de l'Angleterre, l'exode, la débâcle, la drôle de guerre, la capitulation française... et ensuite, 1940-41. La France change, elle est divisée en Vichy et en la "Zone Libre", Pétain change le gouvernement et le pays, l'Europe est germanisé, et la défaite est cuisante pour certains qui refusent de se résigner et se révoltent, pour eux, Pétain est un traître. La révolte ne vient que vers 1941-42 pourtant, en même temps que la terreur, c'est les temps des juifs persécutés, des rafles, des camps de concentration. La résistance se forme depuis l'Appel du 18 Juin par le général De Gaulle. Alors qu'il y en a qui collaborent, d'autres résistent. Résistants de tout âge, mais surtout des jeunes qui y croient encore. Puis 1943 marque le tournant de la guerre. Les allemands commençent doucement à reculer, les Alliés 'entrent en scène' pour finalement, vers 1944-45, arriver sur le chemin de la liberté. L'empire du Nazisme s'écroule. Puis, comme si ce receuil était une histoire, un roman, celui-ci s'achère en un épilogue sur des lettres d'espoir après la victoire, l'armistice.

Si Paroles de l'Ombre m'a moins marqué que Paroles de Poilus, cela restera l'une des lectures que je n'oublierais jamais. C'est comme un témoignage, des récits de personnes qui ont vécu dans cette époque chaotique, celle d'entre deux guerres, celle de 39-45 et si je me passionne pour cette période, je ne peux pas m'empêcher de me dire quelle chance j'ai de vivre dans notre époque actuelle. Comment aurais-je réagis à cette époque ? Aurais-je été neutre, aurais-je eu le même courage, ce sentiment de révolte des Résistants ou autres français refusant la collaboration avec les Nazis ? Car il en faut du courage, de la volonté pour survivre à tout ça, les nazis, les rafles, les tortures infligées à ceux qui osaient se rebeller, ces personnes-là, je les admire. Ces hommes, ces femmes, ces jeunes adolescents. J'ai souvent eu mal au coeur en lisant ces lettres bouleversantes, j'ai eu pitié d'eux. Qu'ils aient été des anonymes ou des résistants dont je connaissais déjà le nom. J'étais en colère lorsque je lisais les récits de gens tels qu'Himmler, Hitler ou autres nazis, surtout quand c'était un ou deux extraits de Mein Kampf et j'ai été d'accord sur ce qu'un journaliste français a pû en dire 'un vomissement de 700 pages de haine, d'injures, des futurs crimes d'Hitler', si seulement on avait écouté ce journaliste...

C'est un recueil captivant, une fois qu'on y est, on ne peut plus le lâcher. J'y pense encore, il y a des paroles qui sont restées gravées, c'est un livre que je n'oublierais pas de sitôt tant c'était marquant et que ces personnes qui ont écrit ces lettres m'ont marqué d'une façon ou d'une autre. Une lecture marquante, c'est le mot je crois. Du moins pour moi, passionnée d'Histoire, captivée par cette période bien que terrible, et qui voue une admiration à la Résistance...

Extrait : 

'L'armistice est signé. Les cloches de toutes les églises carillonnent à toute volée. Le coeur des Français délivrés bat la chamade. Les habitants sortent les drapeaux tricolores fanés des placards et des greniers. Ils n'ont pas servi depuis cinq ans pour le 14 Juillet. Des bals populaires s'organisent sur les places débarrasées des tanks et des canons abandonnés par les nazis en déroute.'

Epilogue. Lettre de Marie-Claire Barrot écrite en mai 1945.

Jeudi 3 février 2011 à 17:33

http://petitelunesbooks.cowblog.fr/images/Couverturesdelivres2/Jaivouluporterletoilejaune.jpg

J'ai voulu porter l'étoile jaune - Françoise Siefridt.

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L'auteur :

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Françoise Siefridt est aujourd'hui une dame de 88 ans, coulant des jours heureux au Havre. Ancienne Résistante, elle fut emprisonnée en 1942 pour avoir porté l'étoile jaune en signe de solidarité pour les juifs.

/ ! \ Challenge Histoire. / ! \


Quatrième de couverture : 

Le témoignage unique d'une jeune chrétienne, internée dans les camps français pour avoir porté l'étoile jaune.

C'est le jour même de l'ordonnance nazie imposant le port d'un insigne à tous les Juifs que Françoise Siefridt, une étudiante chrétienne de dix-neuf ans, décide d'arborer l'étoile jaune avec l'inscription " Papou ", pour en dénoncer le caractère barbare et humiliant. Un geste de solidarité courageux qui lui vaut d'être aussitôt arrêtée par la police française. De juin à août 1942, au cours de son internement comme " amie des Juifs " aux camps des Tourelles puis de Drancy, Françoise Siefridt a tenu un Journal dans lequel elle rapporte les scènes poignantes dont elle a été témoin
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Mon avis : 

C'est sur le blog de Wild World que j'ai repéré ce titre. D'habitude, je ne lis pas trop de témoignages, à part peut-être quand c'est historique et encore, j'ai tendance à éviter les témoignages de juifs lors de la WWII, pas que ça m'intéresse moins mais parce que ça me rend malade à chaque fois que je lis les horreurs et les injustices dont on été victimes les juifs pendant la seconde guerre mondiale, surtout quand ces-dits témoignages prennent lieu dans des camps de concentration. Je me rappelle avoir eu la nausée après ma lecture de Si c'est un homme de Primo Levi, livre que j'ai d'ailleurs eu du mal à terminer, c'était une lecture difficile.

Néanmoins, j'ai voulu retenter l'expérience des journaux intimes/témoignages lors de cette époque terrible mais intéressante à étudier. Voici donc le journal intime de Françoise Siefridt, jeune chrétienne et résistante, durant sa durée d'emprisonnement dans un camp de concentration français. Son crime : avoir sympathisé avec des juifs et en montrant à tous son soutien pour eux en arborant une étoile jaune avec l'inscription Papou.

Nous n'accedons pas pourtant tout de suite au journal de Françoise Siefridt, avant nous avons une préface d'environ 80 pages, de Jacques Duquesne, plutôt longue mais détaillée où nous avons un récapitulatif instructif sur cette période funeste, il nous dresse un portrait de la France dans laquelle les élèments retracés dans le journal vont avoir lieu. Nous avons un bref rappel de cette période, de la seconde guerre mondiale, du gouvernement de Vichy, la collaboration avec l'occupant allemand, la place des juifs dans cette société dominée par les Nazis, en France ainsi que la position de l'église épiscopale française sur ce sujet, sur la question des Juifs, sur les silences fréquents des autorités religieuses concernant les rafles, les déportations et les faits des Résistants, notamment des Résistants chrétiens. C'est une preface longue que nous livre Jacques Duquesne, certes, mais elle est intéressante (même s'il y a eu quelques débordements de matières par-ci par-là)

Passons au journal, son auteur est une jeune femme adorant la vie et, entraînée par les vagues de protestations, elle s'attire les foudres des autorités. Elle a eu le cran de s'opposer à elles en témoignant sa sympathie pour les juifs et en portant, elle une chrétienne, une étoile de David. Emprisonnée dans un camps pour son acte, elle nous raconte son long séjour en prison. On sent bien sa jeunesse, elle est assez candide ou ignorante parfois et n'hésite pas, comme beaucoup à cette époque quand l'impact de la religion était toujours aussi grand, à se réfugier derrières ses croyances lorsque la situation dérapait ou paraissait floue. Parfois, on pourrait presque oublier où elle se trouve car elle en vient des fois à ressentir du plaisir à vivre sa détention, à rencontrer d'autres personnes, mais sa bonté de coeur lui permet de traverser cette expérience affreuse (car elle fut tout de même prisonnière dans deux camps) en aidant ses co-détenyes et à des enfants, c'est un geste admirable. Le journal en lui-même est court et s'ouvre sur Françoise et son amie, Paulette, lorsqu'elles ont décidé en ce 7 Juin 1942 de défier les autorités allemandes et françaises en arborant l'étoile jaune. Une provocation presque taquine qui va leur valoir trois mois de détention (pour Françoise) au camp des Tourelles puis Drancy. Il y a la peur avant de prendre des habitudes, se faire des amis même avant que le destin ne décide qui restera et qui partira vers d'autres camps - de concentration ou d'extermination. Françoise Siefridt nous raconte ce quotidien avec émotion, enfermée avec d'autres. Elle a eu la chance de survivre à cette expérience. C'est une femme admirable, on le constate à travers son journal.

Après le journal vient la postface de Cédric Gruat qui analyse la situation, oriente le sujet sur les actions de Françoise Siefridt et ceux qui ont protesté comme elle, par acte de protestation et de foi, qui cherche à prouver que chrétiens et juifs ne sont pas différents. Monsieur Gruat revient sur certains évènements narrés dans le journal pour mieux les éclairer dans le contexte historique, comme une sorte de bilan sur cette révolte civique qui eu des conséquences tragiques, il précise aussi que le journal a été rédigé avec un soupçon d'auto-censure par peur des représailles si jamais ce manuscript venait à être découvert. Démarche analytique intéressante, elle permet de mieux comprendre et de faire découvrir au lecteur des détails qui pourraient lui avoir échappé. A noter aussi la présence d'annexes qui terminent l'ouvrage et qui offre une aide à la compréhension du contexte historique, lieux, protagonistes...

Mes impressions concernant ce livre... je dirais que c'était une lecture instructive, de bonne qualité, intéressant malgrè une préface plutôt longue. Suivre le quotidien de Mme Siefridt à travers son journal est émouvant quand on lit ce qu'elle a vécu. Niveau documentation, rien à redire, c'est un livre complet en informations et explications. Une agréable découverte, pas inoubliable mais instructive surtout.

Extrait : 

Nous chantons de toute notre âme, nos voies sont émues. Derrière leurs barreaux, Sonia, Raïssa, les isolées écoutent. Leurs visages s'illuminent d'une joie extraordinaire, d'une joie qui résulte d'une immense souffrance vaincue par une espérance qui veux espérer contre tout espoir. Et nos chants montent dans l'air, le timbre des voix est pur, spiritualisé, pour ainsi dire désincarné. Il donne l'impresion d'avoir été dépouillé par la souffrance de toute la chaleur de la joie terrestre. "Il y a longtemps que je t'aime, jamais je ne t'oublierai".

Mardi 22 mars 2011 à 14:25

 
http://petitelunesbooks.cowblog.fr/images/Couverturesdelivres2/UnSacdeBilles.jpgUn sac de billes - Joseph Joffo.

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'Avouer son judaïsme, c'était se condamner à mort.'

L'auteur :

http://petitelunesbooks.cowblog.fr/images/Photosdauteurs/JosphJoffo.gif

Joseph Joffo, né en 1931 à Paris, est un écrivain français, de religion juive, connu pour avoir conté son enfance durant l'Occupation Allemande de la France, dans son livre Un Sac de Billes.



Emprunt médiathèque.
/ ! \ Challenge Histoire. / ! \

Quatrième de couverture : 

Paris, 1941. Joseph a dix ans. Dans le pays occupé par les Allemands, Joseph et Maurice, son frère, tentent de gagner la zone libre. Un magnifique roman, qui est aussi une belle leçon de courage.


Mon avis : 

J'ai entendu parler de ce livre pour la première fois à l'école primaire me semble-t-il, mais n'étant pas encore la férue d'histoire et la dévoreuse de livres que je suis aujourd'hui, je n'ai pas poussé la curiosité plus loin jusqu'à ce que je croise de nouveau ce roman (puis-je vraiment parler d'un roman ?) à la médiathèque. Je l'emprunte et met à profit mes quelques heures de libre à la fac pour entamer et terminer ce livre en deux jours.

Alors, que raconte ce livre en gros ? C'est comme un témoignage, un récit de vie que l'auteur nous offre, il nous conte son enfance juive depuis l'Occupation, à partir de 1941 plutôt, jusque Juillet 1944 et un peu plus après. Joseph Joffo est le fils cadet d'une famille de coiffeur du 18e arrondissement de Paris, et quand survient la guerre, les persecutions contre les Juifs commençent et prennent une ampleur suffisament importante pour que les parents Joffo, inquiets, ne décident d'envoyer leurs deux fils, Maurice et Joseph, à Dax, où se trouvent des gens de leur famille comme Henri et Albert qui hebergent les deux frères en attendant la venue des parents qui doivent les rejoindre. Bien-sûr, tout ne s'arrête pas là, en fait ce voyage Paris jusqu'au Sud de la France à Dax ne s'arrête pas là. C'est le début d'une longue suite de voyages où les deux frères doivent démentir leur indentité juive et se réfugier dans la Zone Libre, occupée par Vichy, en espérant fuir sans cesse les Allemands ou autres qui arrêtent les Juifs sur leur passage. Ils ne doivent jamais rester au même endroit trop longtemps si la situation finit par mal tourner. Dax, Marseille, Lyon, Golfe Juan, Montelimar, Montluçon, Valence... on découvre toutes ces villes à la fois alors qu'on suit Maurice et Joseph de 1941 à 1944. Ils parviennent parfois à mener une vie plus ou moins tranquille pendant quelques temps, sans s'inquièter des Allemands, mais la peur est présente, et je comprends, il en faut du courage pour voyager seuls, sans beaucoup d'argents et de vivres, dans la crainte perpétuelle d'être découvert. Petits boulots, un peu d'école, de vacances au soleil, retrouver la famille oui, mais le répit ne dure jamais longtemps, du jour au lendemain, les Allemands peuvent surgir, surtout depuis l'invasion de la Zone Libre en 1943. Fuir, nier être juif, survivre à la guerre... ce n'est pas facile pour deux jeunes garçons, mais ensembles, ils resteront unis jusqu'à la fin de la guerre.

J'ai aimé ma lecture, je ne me suis pas ennuyée un seul instant, tout ce que je souhaitais était suivre Joseph et son frère dans leur quotidien durant la France des années 1940, leur enfance dans une atmosphère peu favorable pour les juifs. Je ne dirais pas que ce livre m'a beaucoup émue puisqu'en tant que passionnée d'Histoire et en particulier de cette période, j'ai déjà lu au moins une bonne dizaine de témoignage portant sur le sujet. Mais dire que ce livre ne m'a pas touchée du tout serait mentir, bien au contraire, j'ai souvent eu peur pour Joseph, son frère, sa famille, d'autant plus que c'est une histoire vraie, ces personnes ont réellement existé et cela rend le texte plus vivant, plus touchant. J'ai beaucoup aimé l'écriture, selon le point de vue de Joseph, touchant, triste, drôle, l'esprit d'un enfant devant grandir dans un pays occupé par l'ennemi. L'auteur nous raconte tout cela avec beaucoup d'émotion. Certe, il n'a pas vécu l'horreur de centaines de millions de juifs [ tortures, camps de concentration, déportation ], Joseph a eu la chance de vivre le plus normalement possible pendant une guerre mondiale quand le pays qu'on habite est occupé par l'ennemi qui traque les juifs, j'ai été agréablement surprise sur ce coup mais n'allez pas croire que je voulais que pareilles horreurs arrivent, disons que influençée par d'autres récits, je m'attendais presque à [ déportation, camps... ] et j'ai été ravie de voir qu'au moins, ils ont pû y échapper malgrè quelques moments difficiles à vivre [ la peur, la fuite sans cesse, sans compter que les parents ont été emmené par les autorités, et que s'ils ont réussi à s'en sortir, le père finit par mourir alors qu'il a été déporté, et que Joseph et Maurice ont été interrogés plusieurs jours de suite par la Gestapo, je m'attendais presque à ce qu'ils soient découverts en tant que juifs mais même sous pression, jamais ils n'ont avoué qu'ils étaient juifs et durent sans cesse inventer pour se sortir de ce mauvais pas ].

J'ai trouvé que c'était une jolie histoire, parfois dramatique, parfois drôle, contée avec l'innocence d'un enfant, j'admire le courage et la tenacité dont on fait preuve les deux frères, et les aides qu'ils reçurent [ le directeur d'un camp pétainiste, un curé dans le train, un pasteur... ] et qui leur permirent d'échapper à la cruauté des Nazis. Bref, un livre bien sympathique, rempli d'aventure, d'humour et d'émotion. J'ai également aimé les notes de fins, où l'auteur parle à ses lecteurs, réponds à leurs questions, et nous explique des sujets revenants dans son livre, il me semble proche de ses lecteurs et toujours prêt à répondre. J'ai pris plaisir à lire son texte de fin à ses lecteurs, belle initiative ! Je trouve que c'est là un beau livre à faire découvrir aux plus jeunes.

Extrait : 

Ce que je comprends le moins, c'est la violence de ce soldat. Sa mitraillette braquée, ses bourrades, ses yeux surtout, j'ai eu l'impression que le rêve de sa vie aurait été de m'enfoncer dans le mur et je me pose la question : pourquoi ?
Je suis donc son ennemi ? On ne s'est jamais vus, je ne lui ai jamais rien fait, et il veut me tuer. [...] Et puis, voilà que cette guerre, voulue, faire par des adultes aux cravates toujours très strictes et aux médailles toujours plus glorieuses, aboutissait en fin de compte à me jeter, moi, un enfant, à coups de crosse, dans une pièce fermée, me privant du jour, de la liberté, moi qui n'avait rien fait, qui ne connaissais aucun Allemand [...]
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8.

Samedi 7 mai 2011 à 14:42

http://petitelunesbooks.cowblog.fr/images/Couverturesdelivres2/UneJeuneFilleLibre.jpgJournal (1939 - 1944) Une jeune fille libre - Denise Domenach-Lallich.

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Les auteurs :

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Christine Mital (née en ?) est la rédactrice en chef du Nouvel Observateur.
Denise Lallich, née Domenach, a quatre vingt ans et vit toujours à Lyon, sa ville natale. Elle fut résistance durant la seconde guerre mondiale.

Emprunt médiathèque.
/ ! \ Challenge Histoire / ! \


Quatrième de couverture : 

Un trésor dormait au fond d'une armoire : trois cahiers retrouvés par hasard, en rangeant des papiers. Aussitôt, Denise a été rattrapée par son histoire. À l'époque où elle s'appelait encore Domenach à la ville et Duplessys pour la Résistance.

Quand, de 1939 à 1944, elle a tenu son journal... Ce document est publié tel qu'il a été écrit, en secret. Il y a du Journal d'Anne Frank dans ce texte, qui passe de la gravité au caprice, avec les hauts et les bas d'une adolescente. L'intime et l'Histoire se mêlent à chaque page. Car Denise s'engage très tôt dans la Résistance, sous l'influence de son frère, Jean-Marie Domenach, futur directeur de la revue Esprit, et de Gilbert Dru, héros chanté par Aragon dans La Rose et le réséda. A la fin de la guerre, clandestine à Lyon, elle échappe de justesse à l'arrestation. Nombre de ses amis sont torturés, fusillés ou déportés. L'amour, l'aventure, le courage... toutes les émotions se bousculent.

Christine Mital est allée à la rencontre de Denise. Pour combler les blancs et répondre à ses propres interrogations sur l'Histoire. De ces échanges entre celle qui y était et celle qui n'y était pas, de cette confrontation entre deux regards, naît un portrait juste et tendre, qui passionnera toutes les générations. Celui d'une jeune fille libre
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Mon avis : 

Je suis tombée sur ce livre un peu par hasard à la médiathèque, j'étais à la recherche de livres sur les vampires, histoire d'avançer pour le challenge puisque j'étais déjà bien avançée dans le challenge histoire, mais bon. Quand je tombe sur un livre sur la seconde guerre mondiale et en particulier sur la Résistance, je ne peux pas l'ignorer. Voici donc lu en quelques jour ce court témoignage de Denise Lallich, née Domenach qui était alors adolescente durant les années d'Occupation, à Lyon, dans une famille qui se dit gaulliste et résistante. Ce journal intime va de 1939 à 1944.

Ce qui m'a surprise était que le journal, classé par année, n'est que la moitié du livre, le journal est donc plutôt court et l'auteur n'a pas écrit tous les jours, ni beaucoup. Elle parle de certaines choses, mais pas d'autres. Elle n'y parle pas des camps de concentration, mais ça c'est normal, les gens de l'époque n'en savaient pas beaucoup. Elle peut parler de l'entrée en guerre, de la capitulation de la France, des 'Boches' qui envahissent le pays, de l'avançée des Alliés en Afrique, de Pétain, de De Gaulle, mais n'a pas pû écrire d'autres évènements comme le débarquement de Normandie et autres évènement importants de cette époque. Elle parle surtout de sa vie de lycéenne, les cours, ses amis, les étudiants, les professeurs, ses examens dont le baccalauréat qu'elle tente tant bien que mal à obtenir, de sa famille, de la littérature (elle citera Victor Hugo, recopiera des extraits de roman/poésie/chanson), et fait très clairement savoir son opinion dans son journal ou dans la vie : elle est résistante et gaulliste, non pétainiste, comme sa famille, Vichy est une disgrâce pour la République et ils soutiennent De Gaulle, 'ce général français qui pense comme eux'. Pour une jeune fille de l'époque, elle a l'esprit libéré, elle peut sortir effectuer des petits travails pour la Résistance sans que ses parents ne s'y opposent. Elle fait voyager des lettres, elle part protester avec ses frères et d'autres étudiants contre l'autorité vichiste. J'ai beaucoup aimé tout cet esprit de patriotisme à cette époque, le genre qu'on ne rencontre que rarement de nos jours je trouve.

Quand j'ai lu la partie reservée au journal, je n'aurais jamais imaginé à quel point Denise Domenach a vraiment été impliquée dans la Résistance à Lyon, en la lisant, on découvre une jeune fille à l'esprit libre, rebelle ce qui peut être surprenant pour l'époque, une adolescente lycéenne normale qui a ses amis, des prétendants, des examens et qui exprime sans retenue et sans crainte son opinion sur l'occupation, Vichy, la Résistance, De Gaulle, Pétain et qui manifeste avec quelques étudiants et effectue quelques travaux pour la Résistance, juste délivrer des lettres, papiers et j'en passe. Il y a parfois des moments de 'blancs', disons que Denise Domenach-Lallich n'a pas pû ou a choisi de ne pas tout révéler, après tout ce journal aurait pû être découvert ; en fait, il y a la seconde partie du livre qui nous permet d'en savoir plus et qui comble ce qui manque et ce qui n'a pas été dit dans le journal, c'est la partie où Christine Mital, qui a été à la rencontre de Mme Lallich, qui nous parle plus de sa rencontre avec la dame, de leur entretien, de ce que Mme Lallich a choisi de révéler. Cette partie fut intéressante car elle révèle ce qui ne fut pas écrit dans le journal, ainsi on apprend que Denise Domenach a plus été impliquée dans la Résistance qu'elle ne l'a laissé entendre dans son cahier intime, ce qui est advenu de ses proches durant cette époque, ce qu'elle a fait, où elle a été, l'atmosphère et les conditions de l'époque, sa famille, son travail en tant que Résistante, ses actions durant la Libération et après, ses proches, qui pour certains furent déportés ou arrêtés et torturés. Ainsi le lecteur n'est pas frustré après la fin du journal puisque la seconde partie révèle à peu près tout et nous permet d'en savoir encore plus sur l'auteur du journal, avant, durant et après la seconde guerre mondiale.

Donc, loin d'être l'un des témoignages poignants et inoubliables que j'ai pû lire jusqu'à présent, ce livre reste tout de même intéressant et agréable à lire, et en cette période d'anniversaire du 8 mai, ça m'a fait du bien de replonger dans cette époque terrible certes mais fascinante à mes yeux. Donc si ce ne fut pas très poignant, touchant ou inoubliable, je ne dirais pas avoir été déçue et j'ai aimé suivre Denise Domenach-Lallich tout au long du livre, que ce soit son journal ou la seconde partie.

Extrait : 

A 1h30, nous prenons les informations de la TSF et nous entendons un discours du maréchal pétain disant que la France vaincue et envahie avait demandé l'armistice à l'ennemi. Bon-Papa est sorti comme un fou de la salle à manger, et de loin nous entendions ses sanglots. C'était impressionnant. C'est la seule preuve de sensibilité que je lui ai vu manifester jusqu'ici, ça l'a fait remonter dans mon estime.

Jeudi 20 Juin 1940.

Mercredi 7 septembre 2011 à 15:43

http://petitelunesbooks.cowblog.fr/images/Couverturesdelivres2/MonPapaenGuerre.jpgMon papa en guerre - Collectif et Jean-Pierre Guéno.

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Paroles de poilus.
Paroles du Jour J.
Paroles de l'Ombre.
Lettres à nos mères.
De Gaulle à Londres : Le souffle de la liberté.



/ ! \ Challenge Histoire / ! \







Quatrième de couverture : 

Quand éclate la Première Guerre mondiale, il y a 4 millions de poilus sur le front et 4 millions et demi d'enfants sur les bancs d'école... Les premiers sont plongés dans l'horreur de la guerre. À l'heure du courrier, ils redeviennent des pères, des oncles, des parrains... Les seconds sont à l'âge des poupées et des soldats de plomb. La plume et les crayons de couleur sont leurs seules armes pour contrer le vide de l'absence.

Ces extraits de lettres, de journaux intimes et de récits autobiographiques éclairent les relations qui unissaient entre 1914 et 1918 les pères et leurs enfants. Entre les uns et les autres se noue une chaîne de mots manuscrits, d'espoirs et de craintes, de conseils, de fautes d'orthographe, de larmes et de sourires.

Un amour vrai, tendre et pudique est ici déposé dans des lettres mille fois relues, manipulées, froissées, chéries comme autant de trésors.


Mon avis : 

C'est incroyable de voir qu'un aussi petit livre peut déchirer une personne lors de sa lecture. J'en suis ressortie toute déprimée ! Néanmoins, je ne regrette aucunement cette lecture, il m'a apporté une nouvelle vision de la guerre, en particulier la première guerre mondiale puisque ce livre est un condensé de lettres de soldats à leurs femmes et enfants qu'ils ont laissé derrière eux pour aller rejoindre les tranchées boueuses et sanglantes. Un vrai petit bijou qui nous fait savourer la paix.

Jean-Pierre Guéno nous offre tout d'abord une préface et une introduction intéressantes où il se fait un devoir de montrer le vrai visage de la guerre et non les images déformées qu'on pouvait s'en faire à l'époque (genre la guerre c'est du passé, c'est poussière et ennui total), il souhaite dépasser aussi les mensonges et les clichés, notamment les symboles anesthésiants des propagandes du gouvernement français à l'époque pour encourager le peuple à aller se battre, à voir l'ennemi comme la bête à abattre. C'était les dirigeants des pays qui se faisaient la guerre en réalité, mais ils envoyaient leur propre peuple faire leur guerre à leur place. L'Histoire a sa part d'ombre et de lumière, ça ne sert à rien de cacher les choses, d'anesthésier la vérité en mensonges, comme le dit l'auteur, les Poilus n'étaient pas dupes et c'est l'une des perspectives de l'auteur : loin des manuels d'Histoire, il se base sur les sentiments et le point de vue des Poilus, il nous montre la guerre via leur regard, leurs lettres que l'auteur a pû récolter pour donner vie à ce petit livre. Ce ne sont pas ici les lettres de soldats ravis de partir au combat et de servir la patrie, ce sont des hommes qui laissent à regret derrière eux leur famille : femmes, enfants, parents, frères, soeurs, oncles, tantes, cousin(e)s...

L'auteur nous offre aussi en introduction un rapide rappel sur les débuts de la première guerre mondiale, sur le ressenti des Poilus, sur l'endoctrinage des enfants sur la guerre pour les inciter plus tard à croire que la guerre, c'est bien, c'est nécessaire ; les encourager à aller combattre plus tard, rien qu'à repenser aux exemples donnés par Jean-Pierre Guéno, les enfants avaient leurs jouets à l'effigie de la guerre, et pas que des jouets : des manuels scolaires aussi, des livres, des cahiers de coloriage, des dictées à l'école sur le sujet de la guerre, tout pour endoctriner les enfants, c'est comme une sorte de croisade des enfants, une sorte de lavage de cerveau, et n'oublions pas les femmes qui travaillaient aussi à l'effort (je me rappelle que certaines travaillaient à fabriquer des obus et autres armes), comme quoi la guerre ne concernait pas uniquement les soldats mais aussi leur famille. C'est terrible quand on y repense.

Le livre s'ouvre ensuite avec des extraits de journaux, de lettres, de dictées d'école, de cartes postales et/ou de propagandes (et c'est là où je regrette le manque d'image ou de photos car ici, l'auteur se contente d'expliquer ce qu'il y a sur la carte en annexe puis inscrire son message). On voit à travers ces documents toute l'exagération du gouvernement et autre pour épargner et soulager les familles sur l'état de santé des soldats, allant même jusqu'à annonçer que les armes allemandes étaient presque inoffensives, que le danger était minime puisque les projectiles étaient peu efficaces, que les armes ennemies devenaient molles sous l'effet de la pluie, que les balles ne faisaient que des bleus ou au 'pire' traversaient la chair sans blesser gravement. C'est du gros n'importe quoi car on sait bien qu'au début, les armes allemandes étaient plus modernes, équipéss et efficaces que les nôtres mais c'est tous les récits exagérés des journaux pour épargner les familles inquiète et assurer que la guerre était déjà gagnée d'avançe.

Mais ensuite, nous avons des extraits de lettres de soldats qui sont bien plus réalistes, plus cruelles de vérités, ce qui éloigne bien vite les mensonges de la presse et du gouvernement. Ces lettres sont plus humaines et plus déchirantes aussi. Magnifiques, émouvantes, remplies de sentiments vrais et sincères. Il y a tout d'abord ces regards de pères qui écrivent à leurs femmes puis les enfants. Malgrè les récits de ce qu'il se passe au front, il y a parfois un peu d'humour pour alléger les lettres et c'était une touche étonnante mais agréable à lire, il y a des récits plutôt comiques alors que le père, le mari soldat raconte son quotidien : comme par exemple, l'histoire d'un soldat qui vient à peine de se réveiller et qui selle une vache au lieu du cheval de son ordonnance, le pauvre encore tout fatigué n'avait pas vu la différence immédiatement ! La scène ayant déclenché l'hilarité totale chez les soldats. Ou encore ce récit où une vieille dame loge des soldats français qui s'étonnent de son vocabulaire très coloré, un soldat lui fait la remarque et la grand-mère réplique en jurant mais montre qu'elle tient beaucoup aux soldats qu'elle loge. C'était drôle et touchant. Puis le père quand il écrit aux enfants parle rarement de la guerre et préfère encore lui demander si tout va bien à la maison, s'il est gentil avec sa maman, s'il travaille bien à l'école, s'il est sage et s'occupe bien de ses frères et soeurs, le père demandant même à son enfant de mieux soigner son orthographe, corrigeant même les fautes dans les lettres de ses bambins et lui faisant remarquer de mieux travailler son orthographe.

Les lettres sont vraiment émouvantes, touchantes. Les pères qui donnent des conseils aux enfants, des compliments, des recommandations, ils montrent là tout leur amour à leur famille. A leur femme, ils parlent du front mais aussi de leur profond regret de ne pas être à la maison avec la famille, de ne pas pouvoir voir grandir les enfants, de voir leur femme si bonne si belle si merveilleuse. Cette absence déchirante n'étant comblée qu'avec la correspondance, pour que le contact soit encore maintenu, mais il y a des cas où l'enfant continue d'écrire mais son père est mort et l'enfant de ne sait pas et il s'étonne du silence de son père jusqu'à ce qu'il apprenne la terrible vérité. On voit là toute l'affection profonde entre un homme et sa famille, l'amour sincère et tendre des époux, l'affection d'un parent avec ses enfants. Des lettres tellement simples mais tellement vraies, justes et belles. Les auteurs de ces lettres revenant très souvent dans le recueil, pas une grosse panoplie de personnes mais un certains nombres qui reviennent souvent et vers la fin du recueil, l'auteur consacre quelques pages sur le devenir de ce soldat et de sa famille, j'ai vraiment appréçié cette perspective car à force de suivre ces lettres avec leur auteur et leurs destinataires, j'ai fini par m'attacher d'une certaine façon à eux, parfois j'ai appris avec bonheur de savoir que lui avait survécu et avait pû retrouver sa famille, une autre fois, j'ai été triste car un autre était mort et laissait une veuve et des orphelins derrière lui.

C'est vraiment un bon recueil, tendre, émouvant, triste, qui nous apprend à savourer la paix. Je remercie vraiment l'auteur d'avoir sauvé ces lettres de l'oubli, comme pour Paroles de Poilus ou Paroles de l'Ombre, de nous offrir une autre version de la guerre, et de publier ces ouvrages à un bas prix. Vraiment une lecture émouvante et inoubliable.

Extrait : 

C'est avec une douleur et une rage sourde que je songeais aux familles qui l'an prochain pleureront sur une tombe vide, enfants, femmes et vieillards, sous les plis d'un même drapeau, à Berlin, à Paris, à Londres, à Vienne ou à Saint-Pétersbourg, sous le voile du deuil et le crêpe. - L'or et les territoires dont s'enrichiront les nations rendront-ils aux foyers celui qui manquera ? - Vous ne savez pas quelle haine je ressens pour les apologistes du carnage, et combien dégoûtant m'apparaît le souvenir de ces monstres dont on prétend inspirer aux écoliers l'admiration et le culte.

Etienne Tanty, 18 octobre 1914.

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